[La chambre à brouillard : une fenêtre sur l’invisible]

La chambre à brouillard est un dispositif fascinant qui permet de rendre visible l’invisible. Elle révèle à l’œil nu le passage de particules subatomiques, issues de la radioactivité ou des rayons cosmiques, que les instruments les plus précis mesurent mais que notre perception directe ne peut normalement capter. Son invention, au début du XXe siècle, a marqué une avancée majeure dans l’exploration du monde microscopique et dans l’histoire de la physique des particules. Elle est née des travaux de Charles Wilson, un physicien écossais qui, dans les années 1890, s’intéressait aux phénomènes atmosphériques. Il cherchait à recréer en laboratoire les conditions de formation des nuages et de la brume. Pour ce faire, il conçut une enceinte fermée remplie de vapeur d’eau saturée, qu’il refroidissait brusquement par détente d’air. Il remarqua qu’en présence de poussières ou d’ions, cette vapeur se condensait plus facilement, formant de minuscules gouttelettes. En affinant son dispositif,…

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[Des matériaux plus vides que l’air… mais pleins de promesses]

Depuis quelques décennies, un champ de la chimie des matériaux suscite un enthousiasme grandissant : la mise au point de structures poreuses extrêmement ordonnées, capables d’interagir de façon « sur‑mesure » avec des gaz, des liquides ou des molécules fines. Ces matériaux, construits à l’échelle moléculaire, se sont imposés comme de véritables plateformes technologiques, à la fois dans la recherche fondamentale et dans des applications industrielles ou environnementales. Imaginez un cristal fait de « coins » métalliques reliés par de longues molécules organiques, formant un maillage tridimensionnel dans lequel s’ouvrent des cavités, des « pièces » vides dans lesquelles d’autres molécules peuvent entrer, séjourner, puis repartir. Ces cavités peuvent atteindre des surfaces internes gigantesques par rapport au volume extérieur. Le procédé d’assemblage repose sur la chimie de coordination : des ions métalliques (cuivre, zinc, etc.) se lient à des ligands organiques (par exemple des acides dicarboxyliques) et forment des réseaux réguliers. Ces matériaux sont appelés « cadres métal‑organiques » ou…

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[Un Nobel tourné vers le quantique macroscopique]

Le prix Nobel de physique 2025 a été attribué à John Clarke, Michel H. Devoret et John M. Martinis pour « la découverte de l’effet tunnel quantique macroscopique et de la quantification de l’énergie dans un circuit électrique ». Parmi eux, Michel Devoret est français, ce qui offre une belle visibilité pour la recherche quantique en France. Ce prix souligne en outre une tendance forte : la frontière entre les phénomènes quantiques, habituellement confinés à une échelle atomique ou subatomique, et les objets de taille « macroscopique » est de plus en plus explorée dans la recherche fondamentale et appliquée. Dans la mécanique quantique, une particule peut traverser une barrière énergétique même si elle n’a pas l’énergie classique suffisante : c’est l’effet tunnel. Ce phénomène est familier à l’échelle atomique ou subatomique. Toutefois jusqu’à présent, on pensait que cette capacité d’« esquiver » une barrière était incompatible avec un système composé de très nombreuses…

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[Le Service national de police scientifique : missions et techniques employées]

Le Service national de police scientifique (SNPS) est un service à compétence nationale, rattaché directement au directeur général de la Police nationale. Avec 1200 agents sur le territoire, il s’appuie sur un réseau de cinq laboratoires de police scientifique (Lille, Lyon, Marseille, Paris, Toulouse) ainsi que sur un laboratoire central spécialisé en criminalistique numérique. La mission fondamentale du SNPS est de réaliser, à la demande des magistrats ou des services de police judiciaire, les examens, constatations et expertises techniques ou scientifiques liées à des affaires pénales. Cela couvre : Le prélèvement, l’analyse et la comparaison des traces et indices sur les scènes d’infraction L’expertise en biologie (notamment ADN), en empreintes digitales, en balistique, en documents (falsification, écriture), en toxicologie, en incendie / explosion, en stupéfiants, etc. L’exploitation des scellés envoyés aux laboratoires, pour des traitements multidisciplinaires La reconstitution des scènes (notamment via modélisation 3D, lasers‑scanners, photogrammétrie) pour permettre de revisiter…

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[Wi‑Fi à bord des trains : de nouvelles perspectives !]

Depuis plusieurs années, la SNCF propose un service Wi‑Fi à bord de ses trains, dont le principe repose sur un système d’antennes disposées le long des voies, combiné à des modems embarqués sur les rames. Ces modems captent le signal 4G ou 5G, qui est ensuite redistribué aux voyageurs via un réseau Wi‑Fi interne. Ce dispositif, bien que fonctionnel, présente des limites qui nuisent à la qualité de l’expérience utilisateur. Le principal obstacle technique tient à la structure même des trains. Les voitures, souvent métalliques, font écran aux ondes, un phénomène bien connu sous le nom d’effet de cage de Faraday. De plus, à grande vitesse, notamment à 300 km/h sur les lignes TGV, le train change de relais toutes les quinze secondes environ, ce qui rend difficile la stabilité de la connexion. À cela s’ajoutent les disparités de couverture mobile sur le territoire français où certaines zones rurales, montagneuses ou…

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[Le 5 août 2025 : la journée la plus courte jamais mesurée sur Terre]

Le 5 août 2025, la Terre a connu une rotation légèrement plus rapide que d’habitude. Ce jour-là, la durée exacte d’un tour complet a été inférieure d’environ 1,3 milliseconde à la norme des 86 400 secondes, soit 24 heures. Ce phénomène, imperceptible à l’échelle humaine, a cependant été suffisamment notable pour que les scientifiques le considèrent comme la journée la plus courte jamais enregistrée. Ce n’est pas un événement isolé : l’été 2025 a vu plusieurs journées de ce type, notamment les 9 et 22 juillet. Ce que ces journées ont en commun, c’est qu’elles marquent une accélération temporaire de la rotation de la Terre. Cela peut surprendre, car on sait que la rotation terrestre ralentit lentement au fil des siècles à cause des effets gravitationnels de la Lune. Pourtant, depuis les années 2020, on observe une tendance inverse : des accélérations ponctuelles, parfois brusques. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer de telles…

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[Le téléphone portable : un parasite évolutionnaire ?]

Si l'on observe le téléphone portable non comme un outil, mais comme un agent insidieux ayant colonisé nos comportements, nos attentions et nos rythmes biologiques, une analogie frappante avec le parasitisme biologique peut émerger. Sans prétendre qu’il s’agit d’un parasite au sens strict, ce parallèle offre une grille de lecture féconde pour réfléchir à l’impact des technologies sur notre évolution. En biologie, un parasite est un organisme qui vit aux dépens d’un hôte, dont il tire profit — en énergie, en abri ou en capacité de reproduction — souvent sans le tuer, mais en altérant ses fonctions normales. Certains parasites modifient même le comportement de leur hôte pour assurer leur propre survie et propagation (comme le toxoplasme chez certains rongeurs, qui les rend plus téméraires face aux chats). Le téléphone portable, surtout sous sa forme « smartphone », a radicalement modifié les modes de vie humains en deux décennies. Il…

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[Le microscope à force atomique : une main sensible à l’échelle atomique]

Le microscope à force atomique (AFM, pour Atomic Force Microscope) constitue aujourd’hui un outil essentiel pour explorer le monde à l’échelle nanométrique. Il permet de visualiser des surfaces et de mesurer des phénomènes invisibles aux microscopes optiques ou électroniques classiques. Son principe repose non pas sur la lumière ou les électrons, mais sur l’interaction mécanique directe entre une pointe très fine et la surface étudiée. Le cœur du dispositif est une aiguille d’extrême finesse, taillée généralement dans du silicium ou du nitrure de silicium. Cette pointe, dont l’extrémité atteint une dimension de l’ordre du nanomètre, est fixée à un levier souple appelé cantilever. Ce levier agit comme un ressort extrêmement sensible. Pour détecter ses mouvements, un faisceau laser est réfléchi sur son dos, et le déplacement du faisceau réfléchi est mesuré par un photodétecteur très précis. Lorsque la pointe s’approche de la surface de l’échantillon, diverses forces entrent en jeu.…

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[Les diamants dans les technologies quantiques]

Le diamant, au-delà de sa réputation de pierre précieuse, possède des propriétés physiques et électroniques remarquables. Certaines de ses imperfections atomiques, en particulier les centres azote-lacune (NV pour nitrogen-vacancy), sont aujourd’hui au cœur de nombreuses recherches en information et capteurs quantiques. Les diamants utilisés pour les applications quantiques sont majoritairement synthétiques, produits par deux grandes méthodes : HPHT (High Pressure High Temperature) : Reproduit les conditions de formation naturelles des diamants, à des pressions de plus de 5 GPa et des températures de plus de 1500 °C. On obtient un diamant polycristallin ou monocristallin, selon les conditions. CVD (Chemical Vapor Deposition) : Méthode préférée en recherche quantique. Elle consiste à faire croître une couche de diamant à partir de gaz carboné (souvent du méthane) sur un substrat, à basse pression et haute température. Ce procédé permet un meilleur contrôle de la pureté et du dopage (ajout d’impuretés choisies). Les centres…

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[Le Futur Collisionneur Circulaire, grand projet du CERN]

​Le CERN envisage la construction d'un nouvel accélérateur de particules, le Futur Collisionneur Circulaire (FCC), destiné à succéder au Grand Collisionneur de Hadrons (LHC). Ce projet ambitieux prévoit un anneau souterrain de 91 kilomètres de circonférence, s'étendant sous la frontière franco-suisse et le lac Léman. L’étude de faisabilité, qui avait été lancée en 2021 a fait l’objet d’un rapport publié le 31 mars 2025. ​Les premières expériences de haute précision pourraient débuter vers le milieu des années 2040, avec une seconde phase de collisions à haute énergie envisagée aux alentours de 2070. Le coût estimé de la première phase du projet, qui consiste en la construction du collisionneur électron-positon (FCC-ee), est de 15 milliards de francs suisses (16 milliards d’euros). Il couvre le tunnel, l'ensemble des infrastructures, les accélérateurs et quatre détecteurs. Cet investissement serait réparti sur une période d'environ 12 ans, à partir du début des années 2030. L'intérêt…

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