Les sources hydrothermales des grands fonds marins constituent l’un des environnements les plus étonnants où la vie a été découverte. À plusieurs kilomètres sous la surface des océans, en effet, là où règnent une obscurité totale, une pression écrasante et des températures glaciales, la vie semble improbable. Et pourtant, depuis les années 1970, les scientifiques ont découvert dans ces abysses marins des oasis inattendues : les sources hydrothermales. Ces cheminées sous-marines, actives sur les dorsales océaniques, rejettent de l'eau chauffée à plusieurs centaines de degrés Celsius, chargée de minéraux dissous et de gaz comme le sulfure d'hydrogène. Autour de ces panaches brûlants, prolifèrent une multitude d'organismes, parfois très spécialisés, qui ont développé des stratégies biologiques étonnantes pour tirer parti de ce milieu extrême. La découverte de ces écosystèmes, notamment lors de la mission de la submersible Alvin en 1977 au large des Galápagos, a bouleversé notre compréhension des conditions nécessaires…
Le cancer de la prostate reste le cancer le plus fréquent chez l’homme. Si son évolution est souvent lente, la détection précoce reste néanmoins essentielle pour éviter les formes agressives. Longtemps centré sur le dosage de l’antigène prostatique spécifique (APS ou PSA), le diagnostic connaît aujourd’hui une véritable révolution induite par l’amélioration des tests biologiques, la sophistication de l’imagerie médicale et l’intégration de l’intelligence artificielle. Le test PSA a longtemps été la pierre angulaire du dépistage. Ce marqueur sanguin, produit par la prostate, peut s’élever en cas de cancer, mais aussi en présence de pathologies bénignes comme l’hyperplasie ou une inflammation, conduisant à de nombreux faux positifs, et des biopsies invasives et parfois inutiles. Pour affiner les diagnostics, plusieurs indices dérivés du PSA ont été développés. Le pourcentage de PSA libre, la densité du PSA (rapporté au volume de la prostate), ou encore sa variation dans le temps (vélocité) apportent…
Le Prix Nobel de physiologie ou médecine 2025 a été décerné à trois chercheurs — Shimon Sakaguchi, Mary E. Brunkow et Frederick J. Ramsdell — pour leurs découvertes sur la tolérance immunitaire périphérique, un mécanisme clé permettant au système immunitaire de ne pas attaquer l’organisme lui-même. Cette avancée, longtemps jugée comme de la recherche fondamentale, est désormais au cœur de multiples innovations biomédicales et biotechnologiques. Le système immunitaire est souvent présenté comme un dispositif de défense chargé d’éliminer virus, bactéries et cellules anormales, mais sa puissance doit être maîtrisée : une immunité « débridée » peut provoquer des maladies auto-immunes (comme la sclérose en plaques ou le lupus), des inflammations chroniques, voire des rejets de greffes. Les trois lauréats ont contribué à mieux comprendre un mécanisme de « frein » immunitaire naturel. Ils ont mis en évidence un type spécifique de cellules immunitaires, appelées lymphocytes T régulateurs (ou Tregs), et le rôle du gène FOXP3…
Le mot « symbiose » évoque parfois une simple coopération entre espèces. Pourtant, ce phénomène biologique est au cœur même de l’histoire de la vie sur Terre. Sans les symbioses, les forêts, les récifs coralliens ou même notre propre existence n’auraient pas vu le jour. Ces interactions intimes et durables entre organismes façonnent les écosystèmes, influencent le climat et ont été des catalyseurs majeurs de l’évolution. En biologie, la symbiose désigne une relation étroite entre deux organismes d’espèces différentes. Elle peut être mutualiste (les deux partenaires en tirent bénéfice), commensale (l’un en bénéficie sans nuire à l’autre) ou parasitique (l’un profite au détriment de l’autre). Le terme a longtemps été réservé aux formes bénéfiques, mais il recouvre désormais tout le spectre des interactions interspécifiques durables. L’exemple le plus célèbre de symbiose évolutive est celui de l’endosymbiose à l’origine des cellules eucaryotes. Il y a environ 2 milliards d’années, une cellule…
Découvert dans le Moyen Atlas marocain, Spicomellus afer était déjà connu des paléontologues depuis 2021 grâce à un fragment osseux atypique. Mais de nouvelles fouilles ont récemment permis de mettre au jour un squelette bien plus complet, révélant un animal fascinant, à la fois par son anatomie inédite et par son importance évolutive. Une nouvelle étude publiée dans Nature datée du 27 août 2025 positionne ce dinosaure méconnu au cœur de la compréhension des dinosaures cuirassés. Spicomellus afer vivait il y a environ 165 millions d’années, durant le Jurassique moyen, ce qui en fait l’ankylosaure le plus ancien connu. Ce groupe de dinosaures, les ankylosauriens, est célèbre pour ses membres robustes, son armure corporelle et, pour certains, leur massue caudale. Il est souvent opposé aux stégosauriens, avec lesquels il partage une origine commune au sein des Thyréophores, un groupe de dinosaures ornithischiens. Mais Spicomellus n’est pas un ankylosaure ordinaire. En…
Source inépuisable d’énergie et de chaleur, le Soleil est à l’origine de la vie sur Terre. Son rayonnement influence profondément notre santé, tant sur le plan physiologique que psychologique. Mais si ses effets bénéfiques sont bien connus, une exposition prolongée ou mal maîtrisée peut aussi entraîner des conséquences graves. Il s’agit donc de comprendre ce que nous apporte le Soleil, mais aussi de mieux cerner les risques liés à ses rayons. L’exposition au Soleil favorise avant tout la synthèse de la vitamine D par la peau, grâce aux rayons ultraviolets de type B (UVB). Cette vitamine joue un rôle central dans l’absorption du calcium et du phosphore, et donc dans la santé osseuse. Elle est également impliquée dans le bon fonctionnement du système immunitaire. En général, quelques minutes d’exposition par jour suffisent à couvrir nos besoins, même si cela dépend de nombreux facteurs comme la saison, la latitude ou la…
L'évolution biologique est traditionnellement un processus lent, guidé par la sélection naturelle au fil des générations. En laboratoire, les scientifiques ont appris à reproduire ce mécanisme sous forme d’évolution dirigée, en introduisant des mutations dans des gènes pour sélectionner les plus performants. Mais cette méthode, bien que puissante, reste limitée lorsqu’il s’agit de faire évoluer des protéines directement dans des cellules humaines. C’est dans ce contexte qu’intervient PROTEUS, une plateforme innovante présentée comme un accélérateur d’évolution cellulaire. Développée par une équipe de chercheurs de l’Université de Sydney, PROTEUS (PROTein Evolution Using Selection) est une technologie open source permettant de faire évoluer rapidement des protéines dans des cellules de mammifères vivantes. Contrairement aux systèmes classiques qui utilisent souvent des bactéries comme hôtes, PROTEUS fonctionne dans un environnement cellulaire beaucoup plus proche du corps humain. Cela ouvre la voie à des applications biomédicales plus précises et directement transposables. Le cœur de PROTEUS…
Si l'on observe le téléphone portable non comme un outil, mais comme un agent insidieux ayant colonisé nos comportements, nos attentions et nos rythmes biologiques, une analogie frappante avec le parasitisme biologique peut émerger. Sans prétendre qu’il s’agit d’un parasite au sens strict, ce parallèle offre une grille de lecture féconde pour réfléchir à l’impact des technologies sur notre évolution. En biologie, un parasite est un organisme qui vit aux dépens d’un hôte, dont il tire profit — en énergie, en abri ou en capacité de reproduction — souvent sans le tuer, mais en altérant ses fonctions normales. Certains parasites modifient même le comportement de leur hôte pour assurer leur propre survie et propagation (comme le toxoplasme chez certains rongeurs, qui les rend plus téméraires face aux chats). Le téléphone portable, surtout sous sa forme « smartphone », a radicalement modifié les modes de vie humains en deux décennies. Il…
Le cholestérol est une molécule lipidique indispensable à notre organisme. Il entre dans la composition des membranes cellulaires, participe à la production de certaines hormones et à celle de la vitamine D. Il est transporté dans le sang par des lipoprotéines, dont les deux principales sont le LDL (« mauvais » cholestérol) et le HDL (« bon » cholestérol). Lorsque le taux de cholestérol LDL est trop élevé, il peut s’accumuler sur les parois des artères, formant des plaques d’athérome. Ce processus, appelé athérosclérose, augmente le risque de maladies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral. Pour prévenir ces complications, on recommande d’adopter un mode de vie sain (alimentation équilibrée, activité physique) et, si nécessaire, de prendre des médicaments. Les statines sont les plus couramment prescrites, souvent associées à d’autres traitements comme l’ézétimibe ou les inhibiteurs de la protéine PCSK9. Malgré cela, certains patients à haut risque ne…
Les lémuriens, emblèmes de la biodiversité malgache, sont parmi les primates les plus menacés au monde. Madagascar est leur unique habitat naturel, ce qui rend leur conservation particulièrement vulnérable aux pressions humaines et environnementales. Les lémuriens constituent un groupe de primates endémiques à Madagascar, représentant un cas unique de radiation évolutive insulaire. Sur les quelque 120 espèces identifiées, la majorité est aujourd’hui menacée d’extinction, certaines de manière critique selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce phénomène résulte d’un ensemble de pressions anthropiques et environnementales qui affectent l’ensemble des écosystèmes forestiers malgaches. La perte d’habitat constitue la première menace pour les lémuriens, alors que Madagascar a perdu environ 44 % de sa couverture forestière naturelle entre 1953 et 2014. Cette déforestation est largement causée par l’agriculture sur brûlis (tavy) – laquelle consiste à débroussailler une parcelle de forêt, à la brûler, puis à la cultiver pendant une…