Le Prix Nobel de Physique 2024 a été attribué à John J. Hopfield et Geoffrey E. Hinton pour leurs contributions fondamentales dans le domaine de l'apprentissage automatique via les réseaux neuronaux artificiels. Ces recherches représentent un tournant dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA), en offrant des perspectives prometteuses pour des technologies de plus en plus intégrées dans la vie quotidienne. Les racines de l’intelligence artificielle remontent aux années 1950 mais c'est au cours des dernières décennies que les progrès dans la puissance de calcul et la disponibilité de données massives ont permis à l'apprentissage automatique, et plus spécifiquement aux réseaux neuronaux, d'émerger comme un champ d'étude dominant. Hopfield et Hinton se sont distingués en apportant des contributions pionnières dans ce domaine, à une époque où les scepticismes scientifiques et technologiques dominaient encore le discours. Le modèle de réseau neuronal, qui imite le fonctionnement des neurones du cerveau humain, a…
Le secteur de la recherche connaît un important changement de paradigme vers la science ouverte et vise à rendre les résultats de la recherche disponibles pour être utilisés et réutilisés par d’autres chercheurs. Au cours des dernières années, les technologies numériques ont transformé l’économie et la société, touchant tous les secteurs d’activité et notre vie quotidienne. Les données sont au cœur de cette transformation. L’innovation fondée sur les données apporte de nombreux avantages aux particuliers, notamment par un renforcement de la médecine personnalisée, une mobilité nouvelle et une contribution au pacte vert européen. Dans une société où les individus génèrent des volumes toujours plus importants de données, la façon dont les données sont collectées et utilisées doit placer les intérêts de l’individu en première place, conformément aux valeurs, aux droits fondamentaux et aux règles de l’Union européenne. Ces règles de protection de la vie privée sont ainsi définies pour maintenir…
L’Académie norvégienne des sciences et des lettres a décidé d’attribuer le prix Abel 2024 au Français Michel Talagrand, qui a effectué sa carrière de chercheur au CNRS. L’équivalent du prix Nobel des mathématiques lui est décerné « pour ses contributions révolutionnaires à la théorie des probabilités et à l’analyse fonctionnelle, avec des applications remarquables en physique mathématique et en statistique ». Souvent perçu comme le prix Nobel des mathématiciens, le prix Abel récompense l’œuvre d’un mathématicien dans son ensemble – la médaille Fields est quant à elle décernée tous les quatre ans et réservée à des mathématiciens âgés de moins de 40 ans. Michel Talagrand est ainsi distingué pour ses travaux en théorie des probabilités et processus aléatoires. Depuis ses origines, la théorie des probabilités a été motivée par des problèmes provenant des jeux de hasard ou de l’évaluation des risques. Le fil conducteur des découvertes révolutionnaires de Michel Talagrand…
Un qubit utilise les phénomènes quantiques de superposition pour obtenir une combinaison linéaire de deux états. Là où un bit binaire classique ne peut représenter que deux états possible, tels que 0 ou 1, le qubit en compte en théorie une infinité ! Une collaboration de chercheurs a franchi une étape importante en contrôlant pour la première fois une superposition quantique de qubits volants électroniques. Un qubit volant est un bit quantique non localisé, pouvant être manipulé pendant sa propagation. Ces travaux marquent une avancée importante vers la génération à la demande de paires quantiques intriquées, exigence requise pour connecter des ordinateurs quantiques distants. Le principe d'un qubit porté par un substrat solide, tels qu'un qubit supraconducteur ou un point quantique semi-conducteur, repose sur un système fixe et localisé à deux niveaux. À l'opposé, les qubits "volants" portés par une onde électronique qui se propage, offrent l'avantage de pouvoir être…
Imaginez une forme, un dessin géométrique qui pourrait recouvrir une surface entière sans jamais se répéter, sans laisser d'espaces vides et sans se superposer. Les mathématiciens cherchent à savoir si une telle forme peut exister depuis 1961. Dans les années 1970, le physicien et lauréat du prix Nobel Roger Penrose a découvert une paire de formes créant un pavage non répétitif. Ainsi, le carrelage Penrose n’utilise que deux carreaux pour couvrir la plaine sans aucun motif répétitif. Mais la question demeurait de savoir si on pouvait faire de même avec une seule et unique forme ? Par exemple, un losange assemblé à l'infini à d'autres losanges produira à un moment donné un grand losange… La tuile qui répond à cette définition est officiellement appelée " mono-tuile apériodique" et surnommée "einstein", qui signifie "une pierre" ("ein stein") en allemand en l'honneur d'une personnalité scientifique célèbre. En mars 2023, David Smith, ancien…
Historiquement, la question fondamentale de l’approximation diophantienne est de déterminer avec quelle précision un nombre réel peut-être approché par des nombres rationnels. Un nombre rationnel est un nombre qu’on peut exprimer sous forme de quotient de deux nombres entiers. Par exemple 1/2 ou 2/3 sont des nombres rationnels, bien que le premier puisse s’exprimer facilement 0.5 et que le second s’écrive 0.666666… sans qu’on n’en voie jamais la fin ! L’ensemble des nombres rationnels est noté « Q ». L’ensemble des nombres réels, noté « R », quant à lui, contient l’ensemble des nombres, rationnels ou non, qui ne sont ni imaginaires ni complexes. C’est donc le cas des deux exemples précédents, mais aussi de la racine-carrée de 2 ou de pi, qui ne peuvent pas s’exprimer sous forme de fraction d’entiers. Ainsi, si un nombre réel algébrique α appartient à l’ensemble R/Q, l’approximation diophantienne consiste à déterminer le plus petit nombre t positif pour lequel…
Véronique Cortier est une pointure dans le domaine de la cybersécurité. Directrice de Recherche en informatique au Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications (LORIA) depuis 2010, elle est spécialisée dans la sécurité des protocoles de communication. En 2015, elle devient la deuxième femme à avoir reçu le prix Inria - Académie des Sciences jeunes chercheurs et jeunes chercheuses. Ce prix récompense un ou une scientifique ayant contribué de manière majeure par ses activités de recherche, de transfert ou d’innovation au champ des sciences informatiques et mathématiques. Des mathématiques à l’informatique Véronique Cortier est joueuse : trouver la solution, la faille d’un problème, dans un jeu où tous les coups sont permis, voilà une chose qui la ravit ! Or s’il est bien un domaine où la réflexion côtoie le jeu, ce sont bien les mathématiques. Qui n’a jamais tenté de résoudre un casse-tête ou des énigmes logiques…
La logique mathématique est une discipline introduite à la fin du XIXe siècle, qui s'est donné comme objet l'étude des mathématiques en tant que langage. Et si on en appliquait les préceptes aux paroles d’Aya Nakamura ? Dans un de ses derniers titres, on peut entendre Aya Nakamura chanter : J'ai vu comment tu m´as regardéeMon charme a fait son effetOn verra, verra qui fera le premier pasEn tout cas ce s´ra pas moi (moi, moi). Notre logique peut être quelque peu désorientée face à ces mots. Pour cause, si la jeune femme ne fait pas le premier pas, la réponse à ce problème rencontré par une des chanteuses préférées des Français peut sembler évidente. Quelques règles de logique peuvent nous y aider, énoncées par le mathématicien George Boole (1815-1864). L'algèbre de Boole utilise des techniques pour traiter des expressions à deux valeurs et en calculer les propositions. Si, à sa…
"Le savoir seul est stérile et ne permet pas le progrès. L’instrument du savoir c’est l’intelligence ou la raison, celui de l’imagination c’est l’instinct ou le cœur" selon Pascal, et à cet aune de l’imagination, le grand penseur fait figure de visionnaire comme le prouve l’ensemble de ses contributions aussi bien en sciences qu’en philosophie. En particulier, Pascal peut être crédité de deux innovations obligatoires qui permettent d’envisager aujourd’hui l’intelligence artificielle (IA) : il met au point le premier calculateur mécanique de l’histoire et il développe les premiers rudiments du calcul des probabilités. Pascal physicien et ingénieur En 1631, Le jeune Blaise a 19 ans et la famille s’installe à Rouen où son père est nommé par le cardinal de Richelieu commissaire délégué pour le recouvrement de l’impôt et la levée des tailles, taxes très impopulaires de l’Ancien Régime. Afin de faciliter le fastidieux travail paternel, Blaise invente la première machine à…
Eh oui, aujourd'hui 20 décembre 2021, le premier site Web à la norme HTML a été lancé il y a 31 ans. Il est l’œuvre de Tim Berners-Lee et Robert Cailliau, qui travaillaient pour le CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire). Ainsi, le web n’est pas une invention américaine mais européenne. Hébergé sur l’ordinateur NeXT du CERN (qui devient alors le premier serveur Web de l’histoire), le site était accessible depuis l’adresse http://nxoc01.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.htmlIl visait à informer les chercheurs concernés des dernières avancées du projet World Wide Web (W3). Le site décrivait ainsi les principales caractéristiques du Web et expliquait comment accéder aux documents d’autres personnes et comment configurer son propre serveur. Mais depuis le début des années 1990, le HTML a évolué, et aujourd’hui la page ne serait pas codée exactement de la même façon. Elle est d'ailleurs tenue actualisée et accessible sur le site du CERN via l’url : http://info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html…