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On entend beaucoup parler en ce moment de la « bactérie mangeuse de chair », ou Vibrio vulnificus, présente dans les eaux salées du sud-est des États-Unis, que le réchauffement climatique tend à favoriser le développement…

Les Vibrio sont une famille de bactéries dont le représentant le plus connu est probablement le Vibrio cholerae, responsable du choléra, bien qu’il ne s’agisse pas du plus mortel. Il est en effet devancé par Vibrio vulnificus surnommé aussi la bactérie « mangeuse de chair ». Bien que cette maladie ne soit pas nouvelle et qu’elle soit en fait très rare, elle suscite un intérêt particulier du public et captive son imagination, en grande partie en raison de l’intérêt porté par les journaux et les magazines à son égard, en particulier du fait d’une récente étude scientifique publiée à son sujet.

La maladie mangeuse de chair désigne une maladie du nom de « fasciite nécrosante » qui infecte les tissus sous la peau et atteint les tissus adipeux, le fascia (l’enrobage des muscles et des tendons) et les muscles. Les tissus peuvent mourir rapidement en raison d’un mauvais apport sanguin, et parfois entraîner le décès du patient. Elle est causée par une bactérie connue sous le nom de streptocoque, également responsable de l’infection streptococcique de la gorge.

On observe des streptocoques dans la gorge ou sur la peau de jusqu’à 10 % des enfants et 1 % des adultes. Cependant, il arrive parfois que ces streptocoques déjouent les mécanismes de défense normaux de l’organisme et pénètrent dans le sang ou d’autres tissus où les bactéries ne vivent généralement pas conduisant à une pneumonie, une infection des os et des articulations ou, rarement, à une fasciite nécrosante, voire un syndrome de choc toxique streptococcique.

Entre 2007 et 2018, la plupart des cas répertoriés sont localisés entre le Texas et la Pennsylvanie, le long de la côte Est des Etats-Unis, sur la façade atlantique. Les eaux côtières chaudes – en moyenne au-dessus de 20°C – présentant une faible salinité sont en effet particulièrement propices à sa prolifération… Ainsi, que les Manchois se rassurent, bien que nous partagions avec les Etats-Unis la côte atlantique opposée, la bactérie mangeuse de chair pourrait plus facilement se multiplier en Méditerranée, si elle arrivait sur les côtes européennes.

Une étude publiée par un groupe de chercheurs américains et anglais, le 23 mars 2023, dans la revue Scientific Reports, montre que le Vibrio vulnificus pourrait s’installer durablement plus au nord à cause du réchauffement climatique. Entre 90 à 210 millions de personnes en plus seraient alors exposées à cette infection sévère, portant le coût de son traitement à 28 millions de dollars par an.

Lorsque la maladie mangeuse de chair ou le syndrome de choc toxique streptococcique se développent, aucun signe particulier ne permet de les reconnaître. Souvent, les enfants atteints peuvent se plaindre d’une grippe accompagnée de fièvre, de malaises, de douleurs et de frissons. Certains enfants peuvent présenter des signes de pneumonie, d’essoufflement et de toux. Cependant, la plupart de ces signes demeurent non spécifiques, et la majorité des enfants qui présentent ces symptômes souffrent probablement d’une autre maladie que le syndrome de choc toxique streptococcique. Dans le cas de la maladie mangeuse de chair, l’enfant se plaint souvent d’une douleur grave disproportionnée par rapport aux observations pendant l’examen de la région du corps atteinte, et cette région peut être extrêmement sensible au toucher.

A titre de comparaison, des millions d’enfants nord-américains souffrent d’une telle infection chaque année, mais moins d’un enfant sur un million contracte la maladie mangeuse de chair. Ainsi, le risque d’être frappé par la foudre est 50 % plus élevé à celui de mourir de la maladie mangeuse de chair aux Etats-Unis…

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