Le mot « symbiose » évoque parfois une simple coopération entre espèces. Pourtant, ce phénomène biologique est au cœur même de l’histoire de la vie sur Terre. Sans les symbioses, les forêts, les récifs coralliens ou même notre propre existence n’auraient pas vu le jour. Ces interactions intimes et durables entre organismes façonnent les écosystèmes, influencent le climat et ont été des catalyseurs majeurs de l’évolution.
En biologie, la symbiose désigne une relation étroite entre deux organismes d’espèces différentes. Elle peut être mutualiste (les deux partenaires en tirent bénéfice), commensale (l’un en bénéficie sans nuire à l’autre) ou parasitique (l’un profite au détriment de l’autre). Le terme a longtemps été réservé aux formes bénéfiques, mais il recouvre désormais tout le spectre des interactions interspécifiques durables.
L’exemple le plus célèbre de symbiose évolutive est celui de l’endosymbiose à l’origine des cellules eucaryotes. Il y a environ 2 milliards d’années, une cellule ancestrale aurait intégré une bactérie capable de respirer l’oxygène : c’est ainsi qu’auraient émergé les mitochondries, centrales énergétiques de nos cellules. Plus tard, une autre bactérie photosynthétique fut absorbée, donnant naissance aux chloroplastes des plantes. Sans ces événements, les êtres pluricellulaires – animaux, plantes, champignons – n’existeraient tout simplement pas.
Dans les écosystèmes actuels, les symbioses sont omniprésentes. Les lichens, association entre un champignon et une algue ou une cyanobactérie, colonisent des milieux extrêmes et préparent le sol pour d’autres espèces. Les plantes terrestres, quant à elles, dépendent souvent de mycorhizes, une symbiose entre racines et champignons. Ces derniers améliorent l’absorption de l’eau et des nutriments (notamment le phosphore), tandis que la plante fournit des sucres issus de la photosynthèse. Cette collaboration, présente chez plus de 90 % des espèces végétales, a probablement permis l’essor des premières plantes sur les continents.
Les symbioses influencent aussi les cycles biogéochimiques et donc le climat. Par exemple, les cyanobactéries symbiotiques des plantes aquatiques fixent l’azote atmosphérique, rendant ce nutriment disponible à d’autres formes de vie. Ce processus limite la nécessité de fertilisants artificiels et réduit les émissions de gaz à effet de serre.
Longtemps sous-estimées, les symbioses sont aujourd’hui reconnues comme des forces motrices de l’évolution et de la stabilité écologique. Elles remettent en question une vision individualiste de la sélection naturelle en soulignant l’importance de la coopération dans le monde vivant. Comprendre et préserver ces interactions est devenu un enjeu écologique majeur. En agriculture, certaines pratiques s’inspirent déjà des symbioses naturelles pour réduire les intrants chimiques (par exemple, en favorisant les bactéries fixatrices d’azote ou les champignons mycorhiziens). Dans un monde confronté à des crises environnementales multiples, ces alliances invisibles pourraient bien être des alliées précieuses pour inventer des modes de vie plus durables.
Journée du Patrimoine et Village des Sciences de Cherbourg
La Société des Sciences de Cherbourg a le plaisir de vous inviter à son exposition sur les SYMBIOSES dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine ce dimanche 21 septembre, avec visite des magasins et des collections. Accès par la rue Bonhomme, au 21 ou parc le parc Emmanuel Liais, de 9h30 à 12h et de 14h30 à 18h.
L’exposition sera ensuite visible au Village des Sciences de Cherbourg, dans le cadre de la Fête de la Science qui a cette année pour thème « Les Intelligences ». Le Village des Sciences de Cherbourg vous accueillera de 10h à 18h les 4 et 5 octobre prochains, à l’autre lieu, espace René Lebas. Un événement gratuit organisé par Terminus des Sciences. Restauration sur place.
