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Lorsque la nouvelle de la découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen arrive à Paris, fin 1895, Henri Becquerel (1852-1908) étudie depuis plusieurs années, dans son laboratoire du Muséum national d’histoire naturelle, les phénomènes de phosphorescence. Il se demande alors si les rayons X entrent en jeu. Au cours de la dernière semaine de février 1896, il entreprend une série d’expériences sur des sels d’uranium, qu’il expose à la lumière du soleil. Ses plaques photographiques sont effectivement impressionnées. Le responsable : un rayonnement émis par les sels d’uranium.

Il observe ensuite si ce rayonnement plus ou moins absorbé par un écran métallique, une petite croix de Malte en cuivre
interposée entre les sels d’uranium et la plaque. Hélas, le soleil se montre très peu cejour-là, le mercredi 26 février, et encore moins les jours suivants, ni même le dimanche 1er mars, veille du jour où se tient la séance de l’Académie où Becquerel veut présenter ses travaux…

Pendant ces trois jours, les montages d’expérience restent dans un tiroir de son bureau. Pour Becquerel, pas de soleil, donc pas de rayonnements. Malgré tout, le 1er mars, il développe la plaque de l’expérience conduite avec la croix de Malte car il s’attend toute de même à un faible signal, peut-être provoqué par l’exposition des 26 et 27 février. Contrairement à son attente, la plaque est impressionnée autant que celles qui avaient connu des sels fortement exposés au soleil !

La communication qu’il fait le lendemain à l’Académie reste pourtant très classique. Il se contente de décrire ses expériences, mentionnant toutefois l’observation curieuse qu’il a faite en ce 1er mars.
Il reprend ses expériences durant les trois semaines suivantes, prenant soin de les faire au fond de son tiroir, confirmant ainsi que ces impressions ne doivent rien à l’exposition à la lumière. En changeant de sels d’uranium, il obtient toujours le même signal. Les essais faits avec d’autres substances phosphorescentes sont tous négatifs…

Les responsables ne sont donc pas les rayons X, mais l’uranium qui émet ses rayonnements qu’il appelle « rayons uraniques » dans sa communication du 23 mars 1896. Cette découverte majeure, d’un phénomène qui n’a rien à voir avec la phosphorescence, n’aura pas grand retentissement… Peu de monde connaît alors cet élément, l’uranium, le dernier de la classification périodique à l’époque.

Il faudra attendre les travaux de Marie et Pierre Curie pour comprendre que le phénomène mis en lumière par Henri Becquerel ne concerne pas seulement l’uranium. On l’appelle la radioactivité !

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