Des chirurgiens américains ont réalisé la première greffe d’un œil complet sur un patient – qui n’a toutefois pas recouvré la vue – en tout cas pour le moment.
La patient, Aaron James, avait été victime d’une électrisation à plus de 7 000 volts lors de son travail sur une ligne à haute tension en juin 2021, conduisant à la perte de son œil gauche, de son nez, de sa bouche, d’une partie de son menton, de ses dents, et de son bras gauche. Supervisé par le Dr. Eduardo Rodriguez, responsable du programme de transplantation faciale au NYU, la chirurgie plastique de ce patient a mobilisé jusqu’à 140 professionnels de la santé.
Après avoir été officiellement inscrit sur la liste des receveurs potentiels en février 2023, les efforts pour trouver un donneur pour Aaron James ont été menés par LiveOnNY, l’organisation de collecte d’organes de la région métropolitaine de New York. En mai 2023, trois mois seulement après son inscription, les coordinateurs de LiveOnNY ont identifié un donneur potentiel pour ce patient, dans un autre hôpital de la ville de New York. Après une série d’évaluations du donneur, y compris des tests pour déterminer si l’œil était sain et viable, il a été considéré comme un donneur idéal. Ainsi, il s’est écoulé un peu moins de deux ans entre la blessure et la transplantation.
Cette greffe pionnière, qui combine la transplantation partielle du visage et d’un œil entier, représente une avancée remarquable dans le domaine de la médecine reconstructive. Seules 48 greffes du visage ont été recensées jusqu’ici dans le monde, depuis la première réalisée en France en 2005, n’intégrant qu’une transplantation partielle d’un œil. Les greffes d’œil complet ont toujours été un défi, en raison de la difficulté à reconnecter le nerf optique pour restaurer la vision. En effet, l’œil humain est étroitement lié au cerveau par le nerf optique, qui fait partie du système nerveux central et est responsable de la transmission des informations visuelles au cerveau. Le rétablissement de ces connexions nerveuses est une condition fondamentale pour qu’une greffe de l’œil entier puisse restaurer la vision et constitue l’un des plus grands défis.
L’intervention, qui a duré environ 21 heures et nécessité deux salles d’opération, a permis la transplantation du nez, des lèvres, et d’autres tissus du visage, ainsi que de l’œil gauche, de son orbite et du nerf optique. Des cellules souches CD34 de la moelle osseuse du donneur ont également été injectées pour favoriser la régénération du nerf optique. Aaron James a bien récupéré sur le plan physique et peut désormais vivre normalement avec sa famille dans l’Arkansas, bien que l’on ne sache pas encore s’il retrouvera la vue.
L’œil gauche transplanté montre en tous cas des signes de santé remarquables, notamment un flux sanguin direct vers la rétine, la zone située à l’arrière de l’œil qui reçoit la lumière et transmet les images au cerveau. Les professionnels de santé qui ont participé à cette première mondiale continuent à se réunir et à discuter des questions qui restent en suspens concernant l’œil et les moyens de mesurer toute indication vers la restauration de la vue.
Ainsi, bien que la vue d’Aaron James ne soit pas encore rétablie, l’opération a ouvert la voie à de futures recherches et développements dans la restauration de la vision. Les défis à relever pour parvenir à rétablir la transmission d’informations vers le cerveau via le nerf optique nécessiteront probablement l’exploration de différentes méthodes telles que la thérapie génique, l’utilisation de cellules souches, et des stimulations électriques pour préparer le cerveau du receveur.