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En 1819, le jeune bachelier Antoine-Jérôme Balard (1802-1876) entre comme élève chez deux pharmaciens à Montpellier.
En parallèle de ses étude set de son activité dans la pharmacie, il travaille à la Faculté des Sciences de cette ville comme préparateur de chimie.

Alors qu’il étudie une variété d’algues brunes tirée des préssalés de Montpellier, il en tire une substance qu’il suppose, dans un premier temps, être un composé d’iode ou de chlore mais une analyse plus poussée lui permit de montrer qu’il s’agissait d’un nouvel élément.

Balard a 24 ans quand il fait cette annonce Il annonce sa découverte en 1826. Toutefois, il avait déposé le 7 novembre 1825 un pli cacheté qui ne sera ouvert que 100 ans plus tard, le 12 juillet 1925 par un éminent chimiste de l’époque, Henry Le Chatelier (1850-1936), et qui annonçait déjà cette découverte. Balard propose le nom de « muride », dérivant du latin « muria » signifiant saumure, mais lorsque cette proposition arrive à l’Académie des Sciences, contre toute attente, elle n’est pas retenue par les Académiciens.

Dans le rapport fait par Louis Gay-Lussac et publié dans les Annales de chimie et physique, on peut lire : « Nous avons été chargés par l’Académie, MM Thenard, Vauquelin et moi, de lui faire connaître notre opinion sur le mémoire de M. Balard… ayant pour objet la description des propriétés d’une nouvelle substance qu’il a trouvée dans les eaux de mer. M. Balard a donné à la nouvelle substance le nom de « muride » mais plusieurs objections pouvant être faites contre cette dénomination, nous l’avons remplacée, avec le consentement de l’auteur par celle de « brome », mauvaise odeur. » En effet, en grec, « bromos » signifie « puanteur ».

Que cela ait été fait « avec le consentement de l’auteur » est probablement abusif : Balard a 24 ans, il a forcément été impressionné par les trois savants dont la renommée était considérable à l’époque. Lorsque ceux-ci lui indiquent que ce nom de « muride » n’est pas possible et qu’il faut lui préférer celui de « brome », il ne peut qu’accepter. Sa volonté n’a pas été respectée. Nous sommes là en présence d’un des seuls exemples où la volonté première de l’inventeur n’a pas été respectée, sans que ce refus ait été véritablement motivé. En 1844, à l’âge de 42 ans, Antoine-Jérôme Balard sera élu à l’Académie des sciences. À la rentrée 1830, il devient professeur de chimie au Collège royal de Montpellier, jusqu’en 1841, où il sera nommé professeur à la faculté des Sciences de Paris et à l’École normale supérieure. En 1851, il deviendra professeur au Collège de France sur la chaire de chimie occupée jusque-là par Théophile-Jules Pelouze, un chimiste normand.

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