Le 23 août à 14 h 34 heure de Paris, l’Inde est devenue la quatrième nation au monde a poser avec succès un engin spatial sur la Lune, après l’Union soviétique, les États-Unis et la Chine. Après un voyage de cinq semaines, la sonde indienne Chandrayaan-3 a devant elle quelques jours avant que la nuit lunaire ne tombe.
En attendant, la mission lunaire de l’agence spatiale indienne (Isro) continue de se poursuivre dans des bonnes conditions. Ce mercredi 30 août, l’Isro a d’ailleurs dévoilé une première image prise par le petit rover Pragyan (27 kilos), capturant l’alunisseur Vikram (1471 kg). Pragyan roule sur six roues. Pouvant parcourir jusqu’à 500 mètres à la vitesse de 1 cm/s, il est équipé de deux caméras stéréo d’un million de pixels de résolution.
Le rover embarque un spectromètre alpha et à rayons X – APIXS – et un spectromètre à induction laser – LIBS – pour analyser la composition chimique du sol. Il a pu réaliser « la première analyse in situ de la composition chimique de la surface lunaire proche du pôle sud », selon l’Isro. Les mesures révèlent la présence de soufre, d’aluminium et, en moindre quantité, de calcium, de fer, de chrome, de titane, mais aussi de manganèse, de silicium, et d’oxygène. L’alunisseur est également équipé d’instruments, puisqu’il embarque l’expérience ChaSTE mesurant des profils de températures, et le sismomètre ILSA.
Sur la majeure partie de la Lune, un cycle de jour et de nuit dure environ 28 jours terrestres. Au pôle sud, cependant, le Soleil ne se couche jamais et tourne lentement autour de l’horizon, ce qui projette des ombres perpétuelles sur certaines parties des cratères. Mais la nuit lunaire reste froide – jusqu’à -200 °C – et ni Vikram ni Pragyan ne sont équipés pour tenir de telles températures extrêmes. Quand il fera trop froid, et qu’il n’y aura plus de soleil pour recharger les batteries de leurs panneaux solaires, les instruments s’endormiront. Si l’Isro n’exclut pas l’hypothèse de leur réveil une fois le soleil revenu et les batteries rechargées, un second jour lunaire serait un bonus pour la mission !
La première tâche du rover de Chandrayaan-3 était de démontrer que l’Inde peut se déplacer en toute sécurité à la surface de la Lune. C’est désormais chose faite !
Mais par ailleurs, les cratères du pôle sud de la Lune fascinent depuis des décennies. Ils comptent parmi les cratères lunaires les plus anciens et les plus larges. Ils recèlent d’indices sur l’état du système solaire il y a plus de 3,5 milliards d’années, lorsque la Lune et la Terre étaient toutes deux pilonnées par des astéroïdes. En particulier, la détection de soufre sur la Lune est inédite dans cette zone, une telle mesure n’étant pas possible avec les instruments embarqués sur les orbiteurs. Or, cet élément aurait pu être libéré par des volcans relativement récents sur la Lune. Il n’est pas exclu que du soufre soit piégé dans la glace d’eau, qui se situe elle-même dans des cratères du pôle Sud de la Lune.
Exposée à des radiations, la glace d’eau pourrait laisser échapper du soufre. Si le lien entre la glace d’eau et le soufre reste à démontrer, la présence de soufre constitue une ressource très intéressante sur la Lune. Facile à extraire par chauffage, le soufre mélangé au sable lunaire pourrait en effet permettre de fabriquer du béton…