Le 24 février 1997, le monde entier apprenait la naissance de la brebis Dolly, premier mammifère cloné. Elle était alors âgée de sept mois et avait été gardée secrète jusqu’alors. Elle suscita alors nombre de fantasmes laissant imaginer la possibilité de clones humains tels que la science-fiction l’avait cauchemardé. Depuis, cette technique se développe aux États-Unis et en Chine alors que l’Europe réglemente son usage.
Vingt-cinq ans plus tard, des clones d’animaux de compagnie existent en Chine mais de telles recherches sont interrompues en France. En revanche, des manipulations génétiques peuvent exister dans le domaine de la recherche fondamentale ou de la thérapie génique.
L’annonce, le mois dernier, d’une xénogreffe de cœur de porc modifié sur un humain aux États-Unis a relancé un nouveau type de spéculation dans un contexte où le souci du bien-être animal a considérablement progressé.
Ainsi, des médecins du Maryland ont réalisé, avec succès, la xénogreffe d’un cœur de cochon génétiquement modifié sur un homme de 57 ans souffrant d’une maladie cardiaque en phase terminale. L’opération s’est déroulée le 7 janvier dernier sur David Bennett, un patient qui présente des problèmes d’arythmie qui le privent d’un cœur artificiel. Les médecins lui proposent alors de se voir greffer un cœur de porc génétiquement modifié. Au total, dix modifications génétiques ont été réalisées : trois gènes délétés pour limiter le rejet, six gènes humains ajoutés pour que le cœur soit mieux accepté par l’immunité et un dernier gène pour contenir la croissance des tissus porcins. Le cœur a été prélevé sur l’animal par les mêmes chirurgiens qui ont réalisé la greffe et maintenu en vie ex vivo avant sa transplantation.
Ce type de traitement et de manipulation n’est en effet pas sans poser des questions scientifiques et éthiques… Sont-ils justifiés par l’idée de progrès scientifique ? Où commence la transgression éthique ?