La perception de la douleur peut être fortement influencée par les attentes et les croyances d’un individu. Cet effet, dit placebo, est connu depuis plus de 400 ans. En 1572, un philosophe français écrivait ainsi: ‘Il y a des hommes sur lesquels la simple vue de la médecine est opérante.’
Or une étude australienne récente, parue le 25 octobre dans la revue Journal of Neuroscience, suggère que l’effet placebo, ainsi que son semblable négatif, l’effet nocebo, agit au sein du centre cérébral du traitement de la douleur. L’activité cérébrale de 25 sujets (12 hommes et 13 femmes) recevant de faux traitements contre la douleur révèle que les effets placebo ou nocebo sont associés à des activités neurologiques particulières.
Pendant deux jours consécutifs, grâce à l’application à l’aveugle de stimuli thermiques modifiés, les participants ont été trompeusement conditionnés à croire que deux crèmes inertes étiquetées « lidocaïne » (placebo) et « capsaïcine » (nocebo) agissaient pour moduler leur douleur par rapport à une troisième crème « vaseline » (contrôle).
Les chercheurs ont ensuite appliqué sur le bras des cobayes une température ressentie comme modérément douloureuse à l’aide d’un thermode et ont enduit cette zone avec une crème analgésique, une crème censée renforcer la douleur ou une crème neutre, tout en annonçant aux participants le type de crème utilisée. En réalité, ces trois substances étaient de la vaseline.
Pendant cette expérience, les cobayes ont été placés sous imagerie par résonance magnétique fonctionnelle à champ ultra-élevé de 7 Tesla (IRMf) pour résoudre avec précision et en temps réel l’activité des aires du cerveau. Celle-ci a montré que:
- Lorsque les participants ayant reçu la crème “analgésique” indiquaient ressentir moins de douleur – preuve d’un effet placebo –, une hausse d’activité était mesurée dans la moelle ventromédiale rostrale, qui relaie les informations relatives à la douleur.
- Dans le même temps, la zone qui inhibe au contraire la douleur, la substance grise périaqueducale, voyait son activité diminuer.
- Dans le cas de l’effet nocebo, ces deux phénomènes étaient inversés.
Cette étude, si elle doit être consolidée pour vérifier si ces résultats peuvent s’appliquer dans la vie réelle, demeure une contribution majeure dans le domaine.