À première vue, les dunes ne semblent être que des collines de sable modelées par le vent. Pourtant, ces paysages façonnés à l’interface entre la mer et la terre sont bien plus que de simples formations géologiques.
Ils constituent de véritables écosystèmes dynamiques, complexes et résilients, capables d’évoluer, de s’autoréguler et de jouer un rôle écologique essentiel dans les zones littorales. C’est dans cette perspective qu’on peut les qualifier d’« intelligents », non pas au sens cognitif du terme, mais parce qu’ils fonctionnent comme des systèmes adaptatifs en constante interaction avec leur environnement.
Le sable, élément central de ces milieux, n’est jamais immobile. Il circule, se déplace au gré des vents, se dépose puis repart, en fonction de la météo, des marées, de la végétation ou encore des aménagements humains. Cette mobilité constitue l’essence même du massif dunaire. Si ce mouvement venait à être entravé, c’est toute la vitalité du système qui en serait affectée. Cette capacité à absorber les perturbations et à se reconfigurer est un des traits majeurs de l’intelligence écologique de ces espaces.
Un autre aspect remarquable des massifs dunaires réside dans leur structuration progressive à mesure que l’on s’éloigne du rivage. On y observe un enchaînement subtil de zones végétales, allant des dunes les plus jeunes, proches de la mer, jusqu’aux formations plus stables et anciennes, situées à l’intérieur des terres. Cette succession témoigne d’un processus naturel appelé succession écologique. Les plantes pionnières, comme l’oyat, colonisent les zones mobiles en premier lieu, piégeant le sable et stabilisant le sol, ouvrant ainsi la voie à d’autres espèces végétales. Peu à peu, la couverture végétale s’épaissit, modifie le microclimat local et favorise l’installation d’une faune variée, transformant progressivement le milieu initial en un paysage végétal de plus en plus riche et diversifié.
Ce qui rend les dunes encore plus fascinantes, ce sont les dépressions humides qui s’y forment parfois. Là, se développent des espèces végétales et animales spécifiques, souvent rares, qui trouvent refuge dans cet environnement temporairement inondé et plus frais. Ces dépressions jouent un rôle important dans la biodiversité locale, tout en contribuant à la résilience hydrologique du massif.
Dans la Manche, cette intelligence dunaire est aujourd’hui mieux comprise et mieux accompagnée grâce au travail du SyMEL, le Syndicat Mixte des Espaces Littoraux. Plutôt que de chercher à stabiliser les dunes à tout prix, cette structure adopte une approche fondée sur l’observation des dynamiques naturelles. Sur des sites comme Biville, Hatainville ou la côte des Isles, le SyMEL favorise le maintien des processus naturels : il limite les interventions lourdes, suit l’évolution des végétations, restaure parfois les dépressions humides ou permet à certaines brèches naturelles de rester actives. Cette manière de faire permet de conserver des dunes vivantes, capables de se transformer et d’héberger une grande variété d’espèces.
Les dunes de la Manche, accompagnées par le SyMEL, montrent ainsi qu’il est possible d’allier préservation des milieux naturels et compréhension fine de leur fonctionnement. Plutôt que de lutter contre le mouvement, cette gestion “intelligente” parie sur la capacité des dunes à s’autoréguler — à condition qu’on leur en laisse la possibilité.
Village des Sciences de Cherbourg
Pour en découvrir davantage sur les activités du SyMEL et ses travaux sur les dunes, venez aujourd’hui au Village des Sciences de Cherbourg.
Cette année, la Fête de la Science a pour thème « Les Intelligences ». Elle est incarnée sur le territoire par le Village des Sciences de Cherbourg qui vous accueille jusqu’à 18h aujourd’hui, à l’autre lieu, espace René Lebas. Un événement gratuit organisé par Terminus des Sciences. Restauration sur place.
