Lors de la Seconde guerre mondiale, Enigma bouleversa le monde de la cryptographie en assurant la confidentialité des communications allemandes. Cette machine permettait aux Nazis de crypter les messages militaires, en se basant sur un dispositif électro-mécanique de chiffrement.
Le chiffrement, une nécessité militaire
Depuis des millénaires, les rois, les empereurs et les généraux ont dû se doter de moyens de communication efficaces pour commander leurs armées. Ils étaient conscients des risques encourus si leurs messages tombaient dans les mains d’un ennemi. Cela les a incités à créer des codes afin que seul le destinataire des messages puisse les lire. Ainsi, dans un souci de confidentialité, les nations ont créé des services secrets chargés d’assurer la sécurité des communications par la mise en place des meilleurs codes possibles.
Ainsi, c’est Jules César qui a inventé la substitution mono-alphabétique, lequel consiste simplement en un décalage de l’alphabet. Au XVIe siècle, Blaise de Vigenère met au point un chiffrage plus efficace : la substitution poly-alphabétique. Il imagine d’utiliser non plus un alphabet chiffré mais plusieurs. Son système, très efficace, n’a été brisé qu’au XIXe siècle par Charles Babbage. Il s’en suit qu’au début du XXe siècle, des inventeurs commencent à mettre au point des machines de chiffrement électromécaniques ayant pour principe la génération de nombreux alphabets chiffrés grâce à des cylindres rotatifs que traversent des circuits électriques.
La machine à coder Enigma
La machine a été inventée par Alexander Koch en 1919. Il a vendu son brevet à Arthur Scherbius qui voulait la commercialiser pour protéger les entreprises de l’espionnage commercial et industriel. Enigma fut adoptée par la Kriegsmarine en 1926 puis par la Wehrmacht en 1928.
Les Allemands avaient une confiance aveugle dans leur machine. Il faut dire qu’en mettant une seconde à essayer une combinaison, il aurait fallu 500 milliards d’années pour les essayer toutes ! Ils n’ont appris que dans les années 1970, et avec stupeur, qu’une grande partie de leurs messages secrets avaient été décodés et avaient permis aux alliés de remporter, entre autres, la bataille de l’Atlantique et de battre l’Afrika Korps puis fut très utile lors des débarquements en Provence et en Normandie.
C’est grâce au Capitaine Gustave Bertrand des services de renseignements français, aux documents fournis par l’allemand Hans-Thilo Schmidt et aux travaux du polonais Biuro SzyfrÓw que les premiers messages ont été décodés dès 1933. Ces travaux ont ensuite été repris par Alan Turing à Bletchley Park au début de la guerre. Les équipes de Bertrand ont décodé, entre 1939 et 1942, plus de 13000 messages et les ont envoyés par radio à Bletchley Park.
Un objet rare aujourd’hui
Les opérateurs Enigma avaient pour ordre de détruire leur machine et les livres de code pour éviter qu’ils ne tombent entre les mains de l’ennemi, de ce fait la machine est devenue rarissime.
Informations pratiques:
> Une d’entre elles est exposée au Normandy Victory Museum, près de Carentan. Sa rénovation est coordonnée par l’association Terminus des Sciences et menée par des étudiants de l’ESIX Cherbourg.
> Conférence « le mythe Enigma » donnée par Edmond Kern le 29 novembre 2021 à 18h30 à l’amphithéâtre de l’ESIX, 60 rue Max Pol Fouchet, Cherbourg-en-Cotentin – entrée gratuite, sans réservation, passe sanitaire obligatoire.