Depuis plusieurs années, la SNCF propose un service Wi‑Fi à bord de ses trains, dont le principe repose sur un système d’antennes disposées le long des voies, combiné à des modems embarqués sur les rames. Ces modems captent le signal 4G ou 5G, qui est ensuite redistribué aux voyageurs via un réseau Wi‑Fi interne. Ce dispositif, bien que fonctionnel, présente des limites qui nuisent à la qualité de l’expérience utilisateur.
Le principal obstacle technique tient à la structure même des trains. Les voitures, souvent métalliques, font écran aux ondes, un phénomène bien connu sous le nom d’effet de cage de Faraday. De plus, à grande vitesse, notamment à 300 km/h sur les lignes TGV, le train change de relais toutes les quinze secondes environ, ce qui rend difficile la stabilité de la connexion. À cela s’ajoutent les disparités de couverture mobile sur le territoire français où certaines zones rurales, montagneuses ou boisées ne bénéficient que d’un réseau très faible, voire inexistant.
En parallèle, les usages ont fortement évolué. De simples consultations de sites web, on est passé à des besoins plus exigeants en bande passante, comme le streaming vidéo, les appels en visioconférence ou le travail à distance. Un passager consomme en moyenne une centaine de mégaoctets par trajet, un chiffre en constante augmentation.
Pour améliorer cette situation, la SNCF envisage une nouvelle stratégie basée sur une architecture hybride. Celle-ci combinerait les réseaux mobiles terrestres à des connexions par satellite en orbite basse. Les satellites de ce type, à l’image de ceux déployés par Starlink (SpaceX) ou OneWeb (Eutelsat), permettent une couverture plus homogène, y compris dans les zones les moins desservies par les infrastructures classiques. Contrairement aux satellites géostationnaires, leur faible altitude offre des temps de latence réduits et des débits bien plus élevés.
Un appel d’offres devrait être lancé d’ici fin 2025, avec des expérimentations prévues dès 2026. Si les résultats sont concluants, le déploiement commercial pourrait débuter dès 2027 dans les TGV, avant d’être élargi aux autres catégories de trains. Cette approche, déjà testée dans d’autres pays européens, permettrait d’améliorer nettement la qualité de service, en assurant une connectivité stable tout au long du trajet.
Outre un intérêt facilement perceptible pour les voyageurs, cette connectivité renforcée permettrait aussi une meilleure gestion des trains pour l’exploitant, avec des outils de diagnostic à distance, une communication améliorée avec les voyageurs et une optimisation de la maintenance préventive.
Parallèlement à cette évolution vers une solution satellite, d’autres technologies pourraient venir enrichir le dispositif. Le Wi‑Fi 6, par exemple, offre une meilleure gestion des connexions multiples et une latence réduite. Des réseaux 5G spécialement conçus pour les environnements ferroviaires — appelés 5G‑R — pourraient aussi jouer un rôle dans l’avenir, en offrant une grande robustesse et une qualité de service garantie. Enfin, des surfaces dites « intelligentes », capables de rediriger les ondes à l’intérieur même des rames, sont en cours d’expérimentation.
En somme, la connectivité à bord des trains est en passe de connaître une transformation profonde. Alors qu’elle est aujourd’hui perçue comme un service accessoire souvent décevant, elle pourrait devenir dans les années à venir un véritable atout du transport ferroviaire. Grâce à l’association des technologies mobiles, satellitaires et de communication sans fil avancées, le train connecté n’est plus un rêve, mais une promesse en voie de concrétisation.
