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La mémoire collective est un élément fondamental de l’identité d’un peuple. Comment les événements historiques marquants, comme la Bataille de Normandie, continuent-ils d’influencer les souvenirs et les trajectoires de ceux qui les ont vécus ? C’est cette question que Francis Eustache explorera dans sa conférence « Comment la Bataille de Normandie a façonné la mémoire et l’identité des civils ? » samedi 15 mars à 20h à l’IUT de Cherbourg-en-Cotentin, dans le cadre de la « Semaine du Cerveau ».

Francis Eustache est Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) de Paris et dirige l’Unité de recherche de l’Inserm « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine « à l’Université de Caen-Normandie. Il est neuropsychologue de formation et spécialisé dans l’étude de la mémoire humaine et de ses maladies. Ses travaux portent sur les mécanismes de la mémoire autobiographique et les effets des événements historiques sur les souvenirs individuels et collectifs.

Au printemps 2024, des chercheurs en psychologie et en sciences sociales ont mené une enquête auprès de 64 témoins civils ayant vécu la Bataille de Normandie. Leur objectif : comprendre comment ces souvenirs se sont construits et ont évolué au fil du temps. L’étude révèle que, 80 ans après, ces témoignages sont encore marqués par une forte charge émotionnelle, et qu’après des années de silence, l’expression de ces souvenirs devient parfois irrépressible. Ce travail de mise en sens participe ainsi à comprendre comment une personne est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Ce mécanisme peut être particulièrement actif à certaines périodes de vie car il sert à faire face aux événements de la vie et aide à créer une histoire partagée acceptable pour soi-même et conforme aux normes culturelles et sociales.

Le processus de remémoration ne se fait pas uniquement sur un mode factuel. Il est influencé par les émotions associées aux souvenirs, les récits familiaux et le contexte historique dans lequel ces souvenirs sont transmis. Ainsi, certains témoins, après des décennies de réserve, ressentent aujourd’hui le besoin de partager leur expérience, contribuant ainsi à une mémoire collective plus vivante et plus nuancée.

La mémoire humaine ne fonctionne pas comme un simple enregistrement du passé. Elle est reconstruite en permanence, influencée par de nouveaux apprentissages, par l’évolution des représentations collectives et par les émotions.

Les neurosciences ont montré que la mémoire autobiographique repose sur des structures cérébrales spécifiques, comme l’hippocampe et le cortex préfrontal. Ces structures permettent d’organiser et de contextualiser les souvenirs, mais elles sont également sensibles aux émotions. Un souvenir traumatique, comme celui d’un bombardement ou d’une perte tragique, peut ainsi rester ancré dans la mémoire de façon plus intense qu’un souvenir neutre.

Par ailleurs, la mémoire sociale joue un rôle essentiel dans la construction de nos souvenirs personnels. Les interactions avec les autres, les discussions et les récits intergénérationnels influencent la manière dont nous nous souvenons des événements.

La conférence « Comment la Bataille de Normandie a façonné la mémoire et l’identité des civils ? » sera donnée le samedi 15 mars à 20h à l’IUT de Cherbourg-en-Cotentin, dans le cadre de la « Semaine du Cerveau ». Elle sera précédée d’une conférence « Actions pédagogiques qui soutiennent le développement du cerveau des plus jeunes », à 15h au même endroit. Entrées libres et gratuites, indépendamment aux deux conférences.

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