Une étude récente menée par Helmholtz Munich et le Centre allemand de recherche sur le diabète révèle que l’alimentation des futurs pères peut avoir un impact significatif sur la santé de leurs enfants, même avant la conception. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouvelles mesures de prévention en santé pour les hommes souhaitant devenir pères.
L’étude, publiée dans la revue Nature le 5 juin 2024 explore l’impact du régime alimentaire paternel sur la santé métabolique de la progéniture, mettant en lumière des mécanismes épigénétiques complexes qui influencent ce phénomène.
Elle se concentre sur l’influence d’un régime riche en graisses sur la santé métabolique des descendants de souris mâles exposées à ce régime. Les chercheurs ont alimenté des souris mâles de six semaines avec des régimes riches ou faibles en graisses avant de les accoupler pour générer une première génération de descendants. Certains mâles ont même été soumis à un régime normal avant l’accouplement pour voir si les effets étaient réversibles.
Les descendants des mâles exposés au régime riche en graisses ont montré une intolérance au glucose persistante et une résistance à l’insuline, ce qui indique que les effets du régime paternel se maintiennent sur le long terme, suggérant une transmission intergénérationnelle des effets métaboliques via les spermatozoïdes. En revanche, les descendants de mâles réintroduits à un régime normal n’ont pas présenté ces anomalies métaboliques, ce qui montre que l’effet du régime riche en graisses peut être atténué par un retour à un régime sain avant la conception.
L’étude a identifié des ARN mitochondriaux dans les spermatozoïdes qui sont modifiés par le régime alimentaire. Ces mt-ARN et leurs fragments sont hérités par les descendants et jouent un rôle clé dans la transmission des effets métaboliques du régime alimentaire paternel. Les analyses transcriptomiques ont révélé des différences significatives dans l’expression des gènes liés au métabolisme énergétique, au stress oxydatif et à l’inflammation chez les descendants de pères exposés au régime riche en graisses.
Les implications de cette recherche vont au-delà des modèles animaux. Les chercheurs ont également observé des corrélations similaires chez les humains, où l’indice de masse corporelle (IMC) des pères à la conception est associé à des variations du poids et de la sensibilité à l’insuline chez leurs enfants. Les enfants dont les pères étaient en surpoids ou obèses au moment de la conception présentaient un risque accru d’obésité et de troubles métaboliques plus tard dans la vie.
Cette étude souligne l’importance de la santé métabolique des pères avant la conception. Elle démontre que les régimes alimentaires des pères peuvent induire des modifications épigénétiques dans les spermatozoïdes, influençant la santé métabolique des générations suivantes. Ces découvertes suggèrent que les interventions alimentaires et les conseils de santé devraient également cibler les futurs pères, en plus des mères, pour améliorer les résultats de santé à long terme de leurs enfants.
L’étude ouvre la voie à de nouvelles recherches sur les mécanismes épigénétiques par lesquels les habitudes alimentaires et les conditions métaboliques des parents peuvent influencer les générations futures, mettant en lumière la complexité des interactions génétiques et environnementales dans le développement de maladies métaboliques.