Lancé le 01 juillet dernier, le télescope spatial européen Euclid a atteint son poste d’observation au point de Lagrange L2 – qu’il partage d’ailleurs avec le télescope James Webb (JWST) – et a livré ce lundi 31 juillet ses premières images tests !
Dans les années 1930, l’astronome suisse Fritz Zwicky observe les vitesses des galaxies les unes par rapport aux autres dans l’amas du Coma et calcule la masse nécessaire à contenir cet amas de galaxies entier, étant donnée leur vitesse de mouvement. La masse qu’il détermine est bien plus importante que celle de la matière ordinaire observée et il fait l’hypothèse d’une matière invisible qui agit sur la vitesse des galaxies qu’il nomme « matière noire », car elle n’émet ni ne reflète de lumière. Si à l’époque, cette théorie ne convainc pas ses confrères, elle resurgit dans les années 1970, lorsque d’autres astronomes affinent ses observations et parviennent à la même conclusion. Bien que nous ne sachions toujours pas ce qui constitue cette matière noire, cette théorie fait aujourd’hui consensus parmi les scientifiques qui considèrent qu’elle composerait environ 25% de notre Univers.
Hormis le mystère qui les entoure, l’énergie noire n’a quant à elle rien à voir avec la matière noire. A la fin des années 1990, les astronomes ont ainsi détecté une nouvelle anomalie, à l’échelle cette fois de l’Univers tout entier. En effet, si on savait depuis longtemps que les galaxies s’éloignent les uns des autres, on s’est aperçu que cette expansion de l’Univers était de plus en plus rapide. Ce phénomène nécessite le recours à une force répulsive qui repousse les galaxies, que l’on appelle énergie sombre, ou « énergie noire » et représente 70% de l’Univers.
Doté d’un télescope de 1.20 m, Euclid présente un grand champ de vue – 100 fois plus grand que JWST. Entièrement dédié à la cosmologie, il a pour mission d’étudier la matière noire et l’énergie sombre de l’Univers à travers deux instruments : un imageur visible (VIS) et un spectro-photomètre infrarouge (NISP).
Grâce à ces instruments, Euclid dressera, au cours des six prochaines années, la plus grande et la plus précise des cartes 3D de l’Univers en mesurant la position et la distance de 35 millions de galaxies. La matière et l’énergie noires constituent 95 % de l’Univers. Si on sait que la première agit sur la vitesse des galaxies, l’énergie sombre provoque quant à elle l’expansion accélérée de l’Univers. La nature de cette part sombre de l’Univers demeure toutefois de nature encore inconnue… La cartographe d’un tiers du ciel, sur 10 milliards d’années d’histoire cosmique, permettra de mesurer précisément la distribution des galaxies et l’expansion de l’Univers, qui aurait démarré il y a six milliards d’années, permettant de déceler les traces laissées par la matière et l’énergie noires au fil de la formation des galaxies.
Euclid est ainsi conçu pour observer les premiers effets de l’énergie sombre afin de mieux l’identifier et en percer le mystère.
A consulter aussi:
https://terminusdessciences.fr/2023/11/les-premieres-images-du-telescope-spatial-euclid