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Depuis 2019 et l’anniversaire des 150 ans de sa création par Dmitri Mendeleïev, le Tableau Périodique est revisité par la société européenne de chimie (EuChemS, pour European Chemical Society), représentant plus de 160 000 chimistes de 51 sociétés chimiques nationales et d’autres organisations liées à la chimie en Europe.

Les cases prennent des bords arrondis, et une surface corrélée à l’abondance de chaque élément. Elle y ajoute une information codée par la couleur : verte, jaune, orange et rouge selon la criticité de la (sur-)utilisation des éléments vis-à-vis de la disponibilité ou grise si l’élément est exploité dans des zones de conflits armés…

En ajoutant la durabilité à la disponibilité, l’EuChemS manifeste une meilleure attention – ou moindre myopie – à l’approvisionnement responsable dans la chimie, une science qui est aussi un maillon important de plusieurs chaînes de transformation et d’approvisionnement qui caractérisent notre monde.

L’évolution du tableau continue. En 2021, l’EuChemS revoit par exemple le classement du carbone. Jusqu’en 2019, il était vert (offre abondante). Or, la combustion de ressources fossiles à base de carbone et le relargage subséquent de dioxyde de carbone (CO2) se produisent à une vitesse telle que les cycles naturels de fixation de CO2 par les plantes (photosynthèse) et par dissolution aquatique (dans les océans) ne peuvent la soutenir. Ceci conduit à une accumulation dangereuse de CO2 dans l’atmosphère, un fait majoritairement responsable du changement climatique anthropique que l’on vit aujourd’hui. La verdure du carbone en prend ainsi un sérieux coup selon l’analyse 2021, passant de vert à tricolore:

  • Le rouge pour la menace que la forte utilisation de combustibles fossiles à base de carbone fait peser sur le climat,
  • Le gris, parce les combustibles fossiles sont à l’origine de nombreux conflits armés ou que les revenus du pétrole et autres ressources fossiles servent à financer des conflits armés.

La réflexion sur ce tableau n’est certainement pas terminée. D’autres éléments stratégiques pour la transition environnementale, comme le lithium (utilisé pour les batteries) ou l’azote (à la base des engrais, et donc un élément clé dans l’alimentation mais aussi dans l’eutrophisation et la pollution atmosphérique), font actuellement l’objet d’une réflexion par les chimistes européens pour favoriser une pensée publique et collective sur les limites planétaires.

L’objectif profond est d’amener plus d’éthique et de responsabilité dans les pratiques des chimistes et des ingénieures et ingénieurs chimistes, via une analyse qui prenne en compte la finitude des ressources planétaires.

Pour approfondir:
> https://theconversation.com/le-tableau-periodique-des-chimistes-se-confronte-aux-limites-du-systeme-terre-182526

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