Alors qu’en cette période hivernale, les nuits plus longues nous offrent la possibilité de durées de sommeil étendues, de récentes études tendent à développer des moyens de communication avec les rêveurs.
Les rêves lucides désignent ces instants où une personne se rend compte qu’elle est en train de rêver. Ils fascinent autant les scientifiques que le grand public. Dans un rêve lucide, le rêveur est conscient de son état et peut parfois prendre le contrôle de ses actions ou de l’environnement onirique, créant des possibilités étonnantes d’exploration de soi et d’interaction avec l’imaginaire. Depuis peu, les recherches en psychologie et neurosciences se concentrent non seulement sur la compréhension de cet état, mais aussi sur l’incroyable potentiel de communication entre une personne en rêve lucide et des interlocuteurs éveillés.
Le rêveur lucide reconnaît qu’il est en train de rêver, ce qui lui permet parfois d’interagir volontairement avec son rêve. Cette maîtrise n’est pas totale, car le rêve est influencé par l’inconscient et les limites imposées par le sommeil. Cependant, de nombreux rêveurs lucides peuvent choisir d’explorer le rêve, de « revisiter » certains souvenirs ou même de voler. Si les rêves lucides étaient connus depuis l’Antiquité, la science moderne n’a commencé à les étudier sérieusement qu’au XXe siècle.
Depuis peu, la recherche s’intéresse de près à la possibilité d’établir une communication entre les personnes endormies et des chercheurs éveillés. Cette interaction pourrait offrir des possibilités thérapeutiques nouvelles et révéler des mécanismes inconnus de la conscience.
Le premier défi de la communication en rêve lucide est de permettre aux rêveurs d’envoyer des réponses claires sans se réveiller. Or, en septembre dernier, la société REMspace, qui a mis au point un langage dédié, baptisé Remmyo, a réalisé une avancée majeure en établissant la première communication intentionnelle entre deux personnes en état de rêve lucide. Elle a conçu un dispositif pour capter divers mouvements faciaux durant le sommeil paradoxal, dernière phase du sommeil où surviennent les rêves. Ces signaux sont ensuite convertis en un langage qui repose sur six contractions faciales spécifiques auquel correspondent six lettres.
REMspace a établi la première communication intentionnelle entre deux personnes en état de rêve lucide. Lors de cette expérience, un participant en rêve lucide a reçu un mot en Remmyo via des écouteurs, l’a répété dans son rêve, et sa réponse a été enregistrée. Un second participant, également en rêve lucide, a ensuite reçu ce message et l’a confirmé à son réveil, marquant ainsi une première historique dans la communication onirique.
Ces échanges restent limités car le rêve et l’activation de la conscience ne sont pas toujours stables. Cependant, cette communication montre que les rêves lucides peuvent être un espace actif, où des informations peuvent être échangées avec l’extérieur, voire entre rêveurs.
Cette percée a été accueillie avec enthousiasme par les chercheurs en neurosciences, car elle offre la possibilité de communication en rêve lucide et de nouvelles perspectives pour les sciences de la conscience. Sur le plan thérapeutique, cette capacité pourrait permettre de traiter les cauchemars récurrents, en aidant les patients à mieux contrôler leur réaction face aux situations stressantes dans le rêve. De même, les chercheurs envisagent d’utiliser les rêves lucides pour soulager certains troubles psychologiques, comme le stress post-traumatique.
Dans un futur proche, il pourrait également être possible d’utiliser ces techniques pour intégrer des séances d’apprentissage pendant le sommeil ou d’explorer la créativité en inspirant des idées dans un espace où les contraintes de la réalité n’existent pas. Les perspectives semblent nombreuses… Il est permis de rêver