Situé entre le cap de La Hague, à la pointe du Cotentin, et l’île anglo-normande d’Aurigny, le raz Blanchard est un des plus puissants courants marins du monde. L’endroit idéal pour immerger des hydroliennes et exploiter l’énergie des marées.
Le fabricant français d’hydroliennes HydroQuest, filiale des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), teste depuis 2019 un prototype d’hydrolienne à axe vertical de 1 MW baptisé OceanQuest au large de l’île de Bréhat, en Bretagne.
HydroQuest compte immerger sept turbines d’une nouvelle génération, basées sur le même concept mais dont la puissance sera portée à 2,5 MW grâce à double axe vertical, dans le raz Blanchard. Ainsi, ce projet de 17,5 MW devrait s’installer dans l’un des courants marins les plus puissants du monde, entre le cap de La Hague et l’île anglo-normande d’Aurigny. Les courants marins y atteignent 5 m/s (soit 18 km/h ou 10 nœuds) à des profondeurs relatives faibles, comprises entre 30 et 60 m. De plus, le gisement est situé à proximité de la côte (la distance entre Aurigny et le cap de la Hague est de 15 km), ce qui en fait le candidat idéal pour accueillir des hydroliennes et produire une quantité importante d’énergie renouvelable.
Les sept turbines envisagées pèseront chacune 350 tonnes. Elles seront lestées au fond de la mer sur une zone de 12 hectares. Leur entrée en service est prévue en 2025. Grâce au fort courant du raz Blanchard, la ferme sous-marine de 17,5 MW devrait produire chaque année, pendant au moins 20 ans, jusqu’à 41 GWh d’électricité, ce qui correspond à la consommation d’un peu plus de 8 000 foyers. Le raccordement électrique se fera au fond de la baie d’Écalgrain, avec un point d’atterrage situé près du parking de la plage. Toutes les connexions électriques seront souterraines et rejoindront le poste électrique de Bacchus sans pylônes aériens.
Alors qu’en Grande-Bretagne, les appels d’offre en cours portent déjà sur 124 MW, les perspectives de l’énergie hydrolienne au large des côtes françaises restent limitées. Les acteurs de la filière espèrent pouvoir atteindre une puissance de 37 MW sur l’ensemble du territoire, soit à peine plus du tiers de l’objectif de 100 MW que s’est fixé l’Europe en 2025. En cause, le prix de l’électricité produite, que Qair Marines, producteur d’énergie renouvelable partenaire du projet, espère voir baisser sous les 50 €/MWh après l’installation du premier gigawatt, présage que la baisse des coûts observée dans l’éolien et le photovoltaïque se produira dans l’hydrolien à condition d’engager des volumes suffisants.