Les Journées Nationales de la Géologie se tiennent ce weekend, du 26 au 28 mai 2023. L’occasion d’en découvrir une partie de l’étendue à travers quelques portraits.
Sédimentologie et systèmes côtiers
Ces portraits, ils commencent par Alissia Rieux, docteure en sédimentologie. Elle consacre son travail à l’étude des systèmes côtiers. Ces environnements sont de plus en plus en tension, conséquences de l’urbanisation massive et du changement climatique.
Les environnements côtiers sont de plus en plus vulnérables face à la croissance de l’urbanisation, de l’exploitation des ressources et du changement climatique global qui provoque une remontée des eaux. Et ceci n’est pas près de s’arrêter. La montée progressive des eaux provoque de l’érosion sur nos littoraux, et force certaines populations à se délocaliser à cause de submersions plus fréquentes et des intrusions d’eau salée. Pour mieux comprendre l’évolution que nos côtes subiront dans le futur, les chercheurs s’intéressent particulièrement à ces systèmes afin de trouver des solutions. Dans ce contexte, Alissia Rieux explore différents éléments des environnements côtiers qui, à ce jour, représentent les zones très vulnérables. A travers plusieurs expérimentations, elle a démontré que si la nature des sédiments venait à changer dans l’avenir, les cordons sableux qui protègent nos littoraux devraient se réadapter, notamment au niveau de leurs tailles et de leur épaisseur. Ainsi, leur résistance face aux tempêtes risque d’en être affecté.
Le Mascaret, vous connaissez ?
Le mascaret est un phénomène naturel provoqué par l’onde de la marée montante lors des grandes marées. Ce front de la marée montante peut atteindre 2 m de haut en se propageant vers l’amont des fleuves à une vitesse de 4 m/s. Il cause ainsi une brusque surélévation de l’eau d’un fleuve ou d’un estuaire dans l’embouchure et le cours inférieur de certains cours d’eau lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. C’est le terrain de jeu de Lucille Furgerot, maîtresse de conférence à l’université de Caen, qui en étudie les éléments constitutifs. En effet, les mascarets touchent environ 80 cours d’eau dans le monde, et sont par exemple bien connus des riverains du Mont Saint-Michel.
Si le mascaret est induit par de marnages, ce n’est pas une condition suffisante puisque la morphologie du cours d’eau joue aussi un rôle essentiel. Ainsi, la Seine était soumise à ce phénomène avant les aménagements du fleuve qui ont visé à faciliter le transport de marchandises vers la capitale.
Des montagnes à Cherbourg il y a 350 millions d’années
Docteur en géologie spécialisé en géologie structurale et en sédimentologie, Yohann Poprawski a développé sa propre activité en géologie, axée sur la valorisation du patrimoine géologique pour les communes et le grand public. Il connaît particulièrement bien les formations géologiques remarquables qu’offre le Nord Cotentin, constitué d’un fragment d’une ancienne chaîne de montagne, formée entre 360 et 300 Millions d’années. Des fragments de cette chaîne sont aujourd’hui présents dans les Appalaches (Etats-Unis), dans une partie de l’Espagne, du Maroc, du Sud de l’Angleterre et de l’Allemagne.
Autour de Cherbourg et dans la Hague, la constitution des roches et leur agencement traduisent sans ambiguïté leur âge et l’évolution des paysages. Les montagnes ont peut-être atteint 2000 m ici, avant que l’érosion ne fasse son œuvre et ne lisse le paysage… Une histoire fascinante qui a commencé bien avant que l’Homme ne soit susceptible d’en fouler le sol !