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Ce mardi 27 septembre 2022 à 1h14, la sonde DART de la NASA a parfaitement rempli sa mission en percutant à plus de 20 000 km/h le satellite naturel de l’astéroïde géocroiseur Didymos.

Mais avant de développer… rembobinons car un certain nombre de précisions s’imposent !

Qu’entend-on par géocroiseur ?

Un astéroïde géocroiseur est un petit corps planétaire dont l’orbite croise celle de la Terre.  C’est un météoroïde lorsqu’il reste dans l’espace. Ce phénomène est loin d’être rare puisque de nombreux corps rocheux de plus ou moins petite ou grande dimension passent souvent à des distances allant entre 5 et 20 fois la distance Terre-Lune (384 000km en moyenne). De quoi relativiser certains titres accrocheurs du style « un astéroïde va frôler la Terre prochainement »…

Rappelons également que le système solaire est vieux de 4.456 milliards d’années, qu’il compte huit planètes avec dans l’ordre à partir du Soleil : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Entre les quatre planètes telluriques (proches de notre étoile) et les quatre autres planètes dites « géantes gazeuses », se trouve une zone plus connue sous le nom de « ceinture d’astéroïdes » qui constitue un véritable réservoir de corps rocheux plus ou moins gros mais tous témoins de la formation de notre système planétaire.

Les astéroïdes et en particulier les astéroïdes géocroiseurs font l’objet de la plus grande attention de la part des scientifiques depuis la fin des années 90 avec la mise en place d’une structure de surveillance qui prendra le nom de « planetary defense » quelques années plus tard. Ce comité de surveillance d’astéroïdes dont l’orbite risque de chatouiller notre planète d’un peu trop près rassemble un certain nombre de dispositifs dont les télescopes Catalina Sky Survey et Pan-STARRS, les projets NEOSM et NEOWISE (télescope infra-rouge) et enfin le percuteur DART parti au sommet d’une fusée Falcon 9 le 23 novembre 2021.

La surveillance des géocroiseurs

Concernant la question de la surveillance des orbites de géocroiseurs, leur détection et les projets divers et variés quant à la possibilité de modifier leur orbite, c’est bien la NASA qui fait figure de précurseur et de leader depuis la fin du 20ème siècle. En effet, depuis 1998, le congrès américain accorde des budgets afin de détecter un maximum de géocroiseurs et de mettre au point des stratégies permettant la mise hors d’état de nuire de ces dangereux voyageurs de l’espace.

Des météorites tombent en permanence sur la surface du globe sans que cela ne dérange nos activités et pourtant il n’en a pas toujours été ainsi… La disparition des dinosaures pourrait bien être due à la chute d’un astéroïde de 10 km de diamètre il y a 66 millions d’années avec une vitesse d’entrée atmosphérique de 72 000 km/h laissant un cratère encore visible de 200 km de large à Chixulub dans le Golfe du Mexique.

Un peu plus proche de nous, le géocroiseur de Tcheliabinsk, en Sibérie, a causé de nombreux blessés (1500 environ) et de gros dégâts dans les infrastructures de la ville en 2013. Cet astéroïde qui n’a fort heureusement fait que frôler réellement la Terre en laissant entrer très partiellement un certain nombre de fragments n’a pu être détecté en raison de sa provenance trop proche du Soleil nous rendant ainsi aveugle à son approche.

Il faut savoir qu’un phénomène lumineux correspondant à l’entrée atmosphérique d’un astéroïde s’appelle un météore et ce phénomène lumineux précède toujours l’onde de choc puisque la lumière se déplace plus vite. Il est donc impératif de s’éloigner des surfaces vitrées lorsqu’un météore est visible dans le ciel au même titre qu’on ne regarde jamais le Soleil directement à l’œil nu. L’observation du ciel impose parfois quelques règles de sécurité.

La dernière mission en date, la mission DART

Cette mission avait pour objet de percuter le satellite (Dimorphos, 160 m de diamètre) de l’astéroïde Didymos (780 m de diamètre). Cette mission ne comportait aucun risque de disséminer des débris potentiellement dangereux pour notre planète. Elle constitue un test en matière de défense planétaire et vise à modifier la période de révolution du satellite autour de l’astéroïde principal. En effet, Dimorphos orbite autour de Didymos en 11h55 à une distance de 1,2 km et l’impacteur devrait réduire cette période de 10 minutes seulement.

Didymos est un astéroïde de type Apollon, c’est-à-dire qu’il circule la plupart du temps à l’extérieur de l’orbite terrestre mais peut y entrer régulièrement avec un périgée (son point le plus proche de la Terre) de moins de 1,017 Unité Astronomique (rappel : une UA correspond à la distance Terre-Soleil soit environ 150 millions de km).

Il existe une classification selon les orbites des géocroiseurs : apollon, aton, amor et atira.

On pense qu’il existe plus d’un million d’astéroïdes de plus d’un kilomètre de diamètre dans la ceinture d’astéroïdes (dont Vesta et Cérès pour nommer les plus massifs).

Les astéroïdes dont le périgée est inférieur à 1,3 UA sont des géocroiseurs susceptibles d’impacter la Terre. Quant à ceux qui passent à moins de 7 millions de km de la Terre et dont le diamètre dépasse 140 mètres, ils présentent un risque accru d’impact terrestre et sont nommés PHO pour Potentially Hazardous Objects.

Les résultats très encourageants de cette mission vont maintenant devoir être scrutés afin de tirer des leçons de cette méthode mais aussi afin d’étudier de plus près cet astéroïde car de nombreux mystères subsistent autour de la question de la formation du système solaire.

La mission HERA (collaboration NASA/ESA) aura pour mission d’étudier les résultats de l’impact.

De nombreux projets en terme de déviation d’astéroïdes potentiellement dangereux sont à l’étude. Parmi eux, citons le déploiement d’une sorte de voile aux abords de l’astéroïde dans le but de le faire chauffer et ainsi modifier sa trajectoire ; l’utilisation d’un « tracteur » gravitationnel qui est un engin pouvant voler suffisamment proche de l’astéroïde pour l’attirer à lui par effet gravitationnel ; et enfin l’utilisation d’une bombe ionique ou bien d’une charge nucléaire. 

Chacun d’entre nous est donc invité à faire de la science participative en contactant le centre le plus proche (planétarium de Ludiver pour la région Normandie) lorsque nous sommes témoins de l’entrée atmosphérique d’un objet. Il s’agit du projet Vigiciel et petits et grands peuvent se former à la détection et à la reconnaissance des météorites (astéroïdes tombés sur Terre, chondrites carbonées, astéroïdes silicatés ou astéroïdes métalliques) dans les centres agréés (Ludiver par exemple…) afin de participer à la quête de réponse à l’une des grandes questions qui occupent encore les scientifiques : quels sont les mécanismes qui sont à l’origine du système solaire ?

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