La fouille, dirigée par Anthony Lefort de l’Institut National des Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), du village situé à Urville-Nacqueville entre 2009 et 2017 a permis d’étudier les activités artisanales et commerciales de ce port d’échouage gaulois dont le modèle est à ce jour unique sur le littoral de la Manche. Les objets recueillis (amphores à vin italiennes, céramique anglaise, corail méditerranéen, ambre balte, monnaies, etc) montrent le rôle joué par l’agglomération dans les réseaux économiques du Nord-Ouest de l’Europe.
Les archéologues ont également mis au jour les objets utilisés quotidiennement dont un curieux bâton courbé. Un boomerang gaulois ?! De fait, parmi les nombreux objets exposés au manoir du Tourp on peut observer cet objet cintré, en bois, d’environ 50 cm d’envergure pour 1 cm d’épaisseur, pesant 150 grammes et recouvert de lamelles de fer espacées de façon régulière (que l’on retrouve sur l’affiche de l’exposition). Cette découverte en 2014 a fait dire un peu rapidement à certains que les « gaulois utilisaient des boomerangs » à l’instar des aborigènes australiens. Il s’agit pourtant bien d’un bâton de jet utilisé pour la chasse aux oiseaux mais celui-ci ne revenait pas dans les mains du lanceur.
Le journaliste scientifique Nicolas Constans donne les caractéristiques techniques de cette arme : « Le gaulois qui a fabriqué ce bâton a sélectionné une branche courbe dans un bois léger, pommier ou poirier, et y a taillé l’objet. Il en a sans doute soigneusement choisi les dimensions, d’une cinquantaine de centimètres de large et un peu moins d’un centimètre d’épaisseur. Elles offrent en effet une très grande stabilité en vol. Il en a méticuleusement poli les pales. Et profilé les bords : comme pour un avion, il s’agit d’un ingrédient important pour que le boomerang s’élève. Et le bout des pales est relevé, un paramètre essentiel pour atteindre des altitudes importantes. » Pas un boomerang au sens strict donc, même si cet objet, conservé dans l’eau salée, a fini par revenir dans les mains d’un archéologue 2800 ans après sa fabrication.
Il est visible grâce à l’exposition grand public au Manoir du Tourp, jusqu’au 2 janvier 2022.
Source en lien :
> https://www.inrap.fr/le-peuple-des-dunes-des-gaulois-sous-la-plage-15674