Ce mois-ci, c’est le moment ou jamais, enfin si la météo le permet, de voir avec vos propres yeux une comète dans le ciel. Et cette comète, c’est C/2022 E3 ZTF ! Alors « C’est quoi une comète exactement ? » et « Non mais franchement, y a pas moyen de trouver un nom plus simple ? »
Pour commencer, qu’est-ce qu’une comète ?
Une comète est un corps céleste composé d’un noyau de glace et de poussière en orbite autour d’une étoile. Cette orbite est le plus souvent une ellipse très allongée. La comète se distingue d’un astéroïde par le fait qu’un halo lumineux l’entoure (la coma) et qu’à la différence de l’astéroïde, elle ne provient pas du même réservoir.
Leur voyage peut parfois les amener très proche du Soleil, on dit qu’elles ont un périhélie faible, ce sont les comètes rasantes. Lorsque cette trajectoire l’amène proche de l’étoile, elle subit différentes forces telles que les vents stellaires, la pression de radiation de l’étoile ainsi que la gravitation.
Une comète est constituée de trois parties : le noyau, la chevelure et les queues.
Le noyau cométaire serait constitué pour moitié de glaces (surtout de l’eau mais aussi du monoxyde de carbone, dioxyde de carbone, méthane, éthane et acéthylène), l’autre moitié représentant des matières météoritiques agglomérées. Ces glaces se subliment lorsque la comète passe relativement proche du Soleil, à une distance de 1 à 3 unité astronomique du Soleil (une unité astronomique étant la distance entre la Soleil et la Terre, soit environ 150 millions de km). Alors apparaissent d’abord la chevelure puis les queues.
Le diamètre du noyau varie entre quelques centaines de mètres et quelques dizaines de kilomètres. La chevelure ou coma est un halo à peu près sphérique qui entoure le noyau. Elle est constituée de particules de gaz et de poussières provenant du noyau. Lors du passage à proximité du Soleil, ces particules sont libérées sous forme de jet et sont responsables de la sublimation des gaz du noyau. Son diamètre varie entre 50 000 et 250 000 km (parfois 1 800 000km pour les plus impressionnantes).
Les queues de comètes sont généralement au nombre de deux. Une d’elle est rectiligne et constituée d’un plasma, à l’opposée du Soleil, elle est poussée par les vents solaires à une vitesse de l’ordre de 500 km/s. Une queue plus large est constituée de poussières poussées, elles, par la pression de radiation solaire (la force de rayonnement solaire en quelque sorte). Une troisième enveloppe uniquement visible dans le domaine d’ondes millimétriques (en radioastronomie donc) est ce que l’on appelle la queue d’hydrogène.
Les comètes proviennent essentiellement de la ceinture de Kuiper et du nuage d’Oort. La ceinture de Kuiper est une zone au-delà de l’orbite de Neptune entre 30 et 55 unités astronomiques (UA). Elle est 20 fois plus large que la ceinture d’astéroïdes située entre les orbites de Mars et de Jupiter. Le nuage d’Oort est un ensemble hypothétique situé encore plus loin entre 20 000 et 30 000 UA, voire même jusqu’au 100 000 UA. Cependant, il existe également des comètes interstellaires qui proviennent de l’extérieur du système solaire. Certaines théories expliquent la présence sur Terre de molécules organiques dont les amino-acides pouvant avoir une origine cométaire. D’autres théories, notamment avec l’analyse de la comète Hartley 2, indiquent que l’eau terrestre pourrait avoir la même origine étant donné de grandes similitudes entre les molécules d’eau présentes dans les océans et les molécules d’eau découvertes sur cette comète.
Concernant les orbites des comètes, on distingue les comètes à courte période (moins de 200 ans) qui seraient originaires de la ceinture de Kuiper et les comètes à longue période (plus de 200 ans) qui proviendraient du système solaire externe (nuage de Hills et nuage de Oort). Les comètes sont parfois bien visibles à l’œil nu et en plein jour telle que la comète de Halley du non de son découvreur et qui a une période de 75 à 76 ans (dernier passage dans le ciel terrestre en 1986).
Les étoiles filantes…
Même si elles donnent la sensation que ces phénomènes d’entrée atmosphérique sont filants, fugaces et lumineux, cela n’a rien à voir avec les étoiles mais bien avec les comètes. En effet, les essaims d’étoiles filantes désignent les poussières perdues par les comètes lors de leur passage formant une sorte de nuage. Et lorsque la terre passe à proximité de ce nuage, on assiste parfois périodiquement dans l’année, comme avec les perséïdes dans la constellation de Persée ou les géminides dans la constellation de gémeaux, à une pluie plus ou moins soutenue d’étoiles filantes qui semblent provenir d’un point de la constellation que l’on radiant. La localisation de ce radiant donne le nom de l’essaim.
Les poussières entrent dans la haute atmosphère de la Terre, s’échauffent et s’ionisent et offrent ainsi de belles trainées lumineuses dans le ciel nocturne. La comète qui nous rend visite en ce début d’année a été détectée par un télescope automatisé situé sur le Mont Palomar en Californie le 2 mars 22 alors qu’elle était à 4 UA dans la constellation de l’Aigle.
Elle sera au plus prés du Soleil le 12 janvier soit à 166 millions de km (106 millions de km de la Terre). On peut l’observer dans la couronne boréale. Elle sera au plus prés de nous le 1er février alors qu’elle sera à 42 millions de km de la Terre. Pour l’observer, une bonne paire jumelle suffit. Sa magnitude à la fin du mois de janvier et au début de février pourrait la rendre visible même à l’œil nu.
Quant à son nom un peu barbare, voici quelques éléments de compréhension.
C/2022 E3 ZTF:
- La lettre « C » indique qu’il s’agit d’une comète à longue période, celle-ci a une période de 50 000 ans. Donc la prochaine fois que nous pourrons l’admirer, ce sera dans 50 000 ans….
- « 2022 » car elle a été découverte en 2022
- La lettre « E » car découverte entre le 1er et le 15 mars (lettre A si la découverte se situe entre le 1er et 15 janvier)
- Et enfin ZTF pour « Zwicky Transcient Facility » du nom du télescope qui l’a vu.